08/04/2012

30 000 personnes pour l'Occitan

Anem oc ! Per la lenga occitana !" Sous des banderoles rouges et or frappées de la croix occitane, près de 30 000 personnes (20 000 selon la police) ont manifesté hier après-midi à Toulouse pour la reconnaissance de l'occitan dans l'enseignement et la culture.

Place de l'Europe, tout un symbole
La manifestation a démarré de la place de l'Europe, lieu symbolique choisi pour déplorer que la France n'ait pas encore ratifié la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires. Elle s'est terminée sur la place du Capitole avec les concerts de Nadau et Lo Còr de la Plana.



"Pour montrer que l'occitan a de l'avenir", des centaines d'enfants des écoles calendretas manifestaient à l'avant du cortège aux côtés de la Convergencia occitana. Derrière une grande statue de Jean Jaurès - le député socialiste de Carmaux considérait que l'occitan est une ouverture aux langues romanes et au monde -, suivaient la candidate écologiste à la présidentielle Eva Joly, le président socialiste du Sénat Jean-Pierre Bel et le député (Modem) des Pyrénées-Atlantiques Jean Lassalle représentant François Bayrou, aux côtés du maire de Toulouse, du président de Midi-Pyrénées et des élus occitans.

Les politiques présents
"L'offre de langues régionales doit être obligatoire dès la maternelle, a déclaré Eva Joly. En Norvège, le gouvernement a payé pour sauver la langue des Samis (Lapons) qui a aujourd'hui une émission quotidienne d'une heure à la radio nationale". Pour sa part, Jean-Pierre Bel a promis, si François Hollande est élu, "une loi qui fixera un cadre à l'enseignement des langues régionales et à leur développement dans la culture et les médias. Actuellement, avec la pénurie d'enseignants, les postes de langues régionales sont supprimés en premier".

Même si les langues régionales sont reconnues dans la Constitution depuis 2008, le Palois David Grosclaude, conseiller régional (Parti Occitan) d'Aquitaine, estime qu'"il faut modifier l'article 2 qui stipule que le français est la langue de la République car il sert d'argument pour ne pas développer les langues régionales. Le nombre de calendretas augmente mais pour que l'occitan se développe, il faut que les enfants l'entendent à la télévision. C'est la seule langue parlée par un million de personnes qui n'a pas de télévision !"

Une foule bigarrée
La foule bigarrée a défilé sous le soleil toulousain au son des cornemuses, des flûtes et des accordéons, en portant des banderoles mentionnant les noms des calendretas, bérets ou casquettes vissés sur la tête. Les Muretains ont emmené deux statues de géants représentant Janus et Pierre II d'Aragon, mort à la bataille de Muret en 1213. Les manifestants sont venus du Comminges, de Gascogne, de Narbonne, d'Agde, de Montpellier, de Millau, du Vivarais, d'Aquitaine, de Charente et même d'Allemagne... comme Claude, 51 ans, ancien Toulousain parti vivre à Fribourg-en-Brisgau en 1981. "J'ai fait 1200 kilomètres pour manifester, dit-il. L'engouement pour l'occitan se développe - il n'y avait que 3000 personnes à la première manifestation en 1984 - mais on a encore honte de notre langue. Ce n'est pas le cas en Allemagne. Dans le Bade-Wurtemberg, tout le monde parle le Badisch le long du Rhin et le Schwabisch plus à l'est. Et il y a des chaires d'occitan dans les universités de Friburg et de Heidelberg !"

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